Un homme nommé Jésus
Ce que nous savons de lui, nous le tenons des Evangiles, de brèves notations chez des historiens romains et de découvertes archéologiques. La connaissance de l'époque et le recours à l'exégèse historico-critique éclairent l'ensemble.

Enquête sur le Jésus de l'Histoire.
La fascination du public pour le personnage de Jésus est profonde. Sans doute témoigne-t-elle d'une quête de sens et de spiritualité dans une société largement sécularisée, où s'effondrent les connaissances de base que dispensait naguère la catéchèse traditionnelle. Cependant, le trouble s'installe dans les esprits. Mis à part des travaux spécialisés de haute qualité la plupart des ouvrages publiés actuellement sur le sujet sont soit des livres de fantaisie, avides de scandale ou de sensationnel, soit des écrits à prétention scientifique qui déforment le vrai visage du fondateur du christianisme sous prétexte de le démythifier.
L'authenticité des exorcismes, des miracles et a fortiori de la Résurrection n'entre pas dans son domaine de compétence. Il ne peut assurer que Jésus a marché sur l'eau ou a transformé l'eau en vin, mais dans les communautés chrétiennes ces faits, ont pris une signification capitale. Il lui est impossible de soutenir, au nom d'un positivisme hors d'âge, que la multiplication des pains n'a été qu'un banal partage fraternel de casse-croûtes tirés du sac: les Evangiles canoniques en parlent à six reprises, ce qui montre à quel point les esprits avaient été frappés par ce signe messianique.
Jésus a bien existé.
Quelques notations peuvent être glanées chez Pline le Jeune, Tacite, Suétone et surtout Flavius Josèphe, Juif romanisé du Ier siècle évoque dans ses écrits la figure de Jean le Baptiste et celle de Jésus, «un homme exceptionnel» accomplissant des «choses prodigieuses». «La veille de la Pâque, dit le Talmud de Babylone, on pendit Yeshu le Nazaréen.» Ces textes anciens prouvent que Jésus a bien existé. Même un polémiste ardent, très antichrétien, comme Celse au IIe siècle ne met pas en doute ce fait.
A partir du XIXe siècle certains maîtres du soupçon traiteront Jésus comme un mythe ou un personnage imaginaire conçu à partir de citations du Premier Testament. Faut-il se tourner vers les Evangiles apocryphes? Ils ne nous apprennent pour ainsi dire rien du Jésus de l'Histoire. Ce sont des écrits tardifs, emplis de légendes.
Il reste les quatre Evangiles canoniques, Matthieu, Marc, Luc et Jean. Des écrits antérieurs à la destruction de Jérusalem en l'an 70, époque où beaucoup de témoins étaient encore vivants et une tradition orale rigoureusement maitrisée par les disciples et les apôtres, les Evangiles canoniques nous livrent des faits et des discours globalement fiables.
L'Evangile de Jean
L'Evangile de Jean est le plus mystique et le plus historique. Les auteurs des Evangiles dits synoptiques (parce qu'on peut les lire en parallèle), Matthieu, Marc et Luc, ne sont pas des témoins directs - même si le premier Evangile comporte probablement un noyau primitif écrit en araméen par Lévi dit Matthieu, l'un des Douze. En revanche, le quatrième Evangile est celui d'un disciple de la première heure, un témoin oculaire, Jean.
Ce Jean n'était pas le fils de Zébédée, le pêcheur du lac de Tibériade, mort martyr très tôt, mais un disciple de Jérusalem, portant le même nom, qui faisait partie du haut sacerdoce juif. Il s'est «endormi» à Ephèse en l'an 101. Ce théologien, très versé dans la connaissance du judaïsme, «fut prêtre, disait au IIe siècle Polycrate, évêque de cette ville, et a porté le petalon», c'est-à-dire la lame d'or, insigne réservé aux grands prêtres et aux membres des grandes familles aristocratiques. De fait, il connaît mieux Jérusalem et la topographie de la Judée que la Galilée et les bords du lac. Familier de l'administration du Temple, il est le seul à nous donner le nom du serviteur à qui Pierre a entaillé l'oreille de son glaive, Malchus. C'est lui qui, après l'arrestation de Jésus, permet à Pierre d'entrer dans la cour du grand prêtre en glissant un mot à la servante qui garde la porte. C'est quelqu'un du sérail. Il n'a pas suivi constamment Jésus en Galilée, mais il a été épaulé par certains de ses proches. «C'est ce disciple qui témoigne de ces choses et qui les a écrites, et nous savons que son témoignage est conforme à la vérité», lit-on à la fin de son Evangile.
Si l'on se rapporte à un texte du milieu du IIe siècle, qu'on appelle le Canon de Muratori, ce «nous» renvoie à un certain nombre de disciples et d'apôtres (dont André, frère de Simon-Pierre) qui ont encouragé le «disciple bien-aimé» à écrire son Evangile en lui faisant part de leurs propres informations. Cet évangile est à la fois le plus mystique et le plus historique, ces deux approches étant complémentaires. Tout ce que dit Jean est vrai, mais immédiatement replacé dans sa dimension spirituelle.
La chronologie de ce témoin exceptionnel est à préférer à celle des synoptiques qui ont ramassé en une année, de façon très schématique, le ministère public de Jésus, qui se déroule en fait sur trois ans, du printemps 30 au 3 avril 33, date de sa mort.
Source Le figaro
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Si l'on pouvait retenir le message d'amour, d'amitié, de fraternité, de pardon et le respect d'autrui le monde serait infiniment plus beau. Qui que soit Jésus, peu importe, son enseignement est admirable et seul devrait compter pour plus d'humanité.
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